Du 14 au 17 novembre, la conférence européenne sur les vautours organisée par Vulture Conservation Fondation (VCF) s’est déroulée à Caceres – Estrémadure, en Espagne, en présence de représentants de 45 pays.

Cette conférence est considérée comme l’une des plus importantes à l’échelle mondiale. Des chercheurs, des organisations internationales et des ONG ont présenté leurs projets et les résultats obtenus, mais aussi les techniques et les méthodes mises en œuvre pour contribuer à la conservation des vautours, l’une des familles d’oiseaux de proie les plus menacées au monde.

Il existe dans le monde quelque 23 espèces différentes de vautours réparties sur les différents continents, à l’exception de l’Océanie et de l’Antarctique. D’une manière générale, les vautours sont classés en deux groupes principaux :

Les vautours de l’ancien monde : ils sont présents en Europe, en Asie et en Afrique. Ils appartiennent à la famille des Accipitridés, comme les aigles et les Autours des palombes, mais avec des caractéristiques physiques très différentes.

Les vautours du Nouveau Monde : ils habitent le continent américain et appartiennent à la famille des Cathartidae. D’une origine évolutive totalement différente des autres vautours, leurs caractéristiques physiques sont identiques en raison d’un processus connu sous le nom de convergence évolutive.

La plupart de ces espèces de vautours sont menacées d’extinction en raison de multiples menaces, notamment l’empoisonnement direct ou indirect, l’électrocution et le commerce illégal.

Les vautours fournissent d’importants services écosystémiques en éliminant les restes d’animaux et d’autres déchets organiques, empêchant ainsi la propagation des maladies et réduisant le risque de transmission de pathogènes à l’homme et à d’autres organismes.

Le Maroc, comme la plupart des autres pays du monde, a connu un déclin alarmant de sa population de vautours à la fin du 19ème et au milieu du 20ème siècle. Trois des cinq espèces de vautours qui peuplaient le pays se sont éteintes (le vautour Oricou, le vautour moine et le vautour fauve).

Aujourd’hui, seules deux espèces sont présentes au Maroc en tant que reproductrices : le Gypaète barbu et le Vautour percnoptère.

En 2020, l’Agence National des Eaux et Forêts a lancé un ambitieux programme de réintroduction du Vautour fauve dans le nord du Maroc, du fait qu’il est actuellement l’espèce de vautour la plus observée dans le pays lors des périodes de migration entre l’Europe et l’Afrique, mais aussi grâce à l’étude de sa phénologie migratoire et au suivi réalisé par notre association AMPOVIS au cours de la dernière décennie, raison pour laquelle on a été chargé pour la mise en œuvre de ce programme sur le terrain.

En 2023 commence les bonnes nouvelles, 4 couples reproducteurs se sont installés à Jbel Moussa puis il y a eu l’éclosion du premier poussin de l’espèce qui y est né en pleine nature, tout cela grâce à un travail conjoint et minutieux, mené par l’ANEF et l’AMPOVIS, tout en favorisant les conditions optimales pour la réintroduction et l’installation du vautour fauve dans le pays.

Parallèlement, un suivi scientifique et rigoureux des vautours africains classés en danger critique d’extinction par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), tel que le vautour de Rüppell et le vautour à dos blanc africain parmi d’autres, est en cours de réalisation en collaboration avec la Junta de Andalucia, l’UICN-MED et le PPIOSCAN III, VCF, Wildlife-Lab, AMPR et bien d’autres ONG.

Cette étude ainsi que le programme de réintroduction du vautour fauve sont réalisés au niveau du (CRV) centre de réhabilitation des vautours de Jbel Moussa appartenant à l’ANEF et cogéré par l’AMPOVIS.

Lors de cette conférence, l’AMPOVIS a présenté les résultats sur la colonisation du vautour fauve à Jbel Moussa sous le Titre : The first recolonisation of the European Griffon Vulture (Gyps fulvus) in Morocco, Sous forme de poster ainsi qu’un exposé présenté par Jose Rafael Garrido, intitulé Conservation Focus: Rüppell’s Vulture along the Western Flyway, en tant que partenaire du programme de suivi des vautours de Rüppell au Maroc et représentant de la Junta de Andalucia.

Un troisième exposé est celui de l’ANEF, intitulé : Exploring motivations and solutions: understanding poison use in human-wildlife conflicts and conservation management in Morocco, qui a été présenté par Mme HELENA Sousa Clavero en tant que représentante de l’UICN-MED intégrant du programme de conservation des rapaces au Maroc.

En marge de cette conférence, l’AMPOVIS a tenu des réunions avec des représentants de plusieurs organisations internationales qui ont permis de planifier des actions et des collaborations futures pour l’élaboration de projets d’études et de suivi des vautours.

Le Maroc outre son aspiration à la réintroduction d’espèces d’oiseaux disparus, reste un pays où le transite de vautours est le plus important à l’échelle mondiale, plus de 9000 vautours fauves passent chaque année sur notre territoire chose qui fait que des actions de conservation spécifiques soient mises en place pour permettre à ce flux migratoire d’atteindre ses lieux d’hivernages en Afrique subsaharienne dans les meilleures conditions possibles.

Tout ce fabuleux travail n’aurait pas pu être réalisé sans les considérables efforts fournis par l’ANEF, et sans la collaboration fructueuse des autorités, des ONG et des citoyens.

Crédit photos: VCF, AMPOVIS, Jose Rafael Garrido, Helena Clavero et Justo Martin.

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